José Antonio García Simón
La Chine – un dragon en devenir
La montée en puissance de la Chine est certainement le fait destiné à redessiner les rapports de force à échelle globale ces prochaines décennies. De par sa taille, sa population et, désormais, son poids économique, l’empire du Milieu est le candidat le mieux placé pour contester la suprématie américaine. Ceci dit, ni les avancées spectaculaires de la Chine — devenue en l’espace de trois décennies la deuxième économie mondiale — ni son immense potentiel ne signifient pour autant que le passage de témoin devienne inéluctable. Le leadership d’un pays sur la scène internationale suppose en effet une habile combinaison de plusieurs dimensions (puissances militaire et économique et déploiement géostratégique, mais aussi des équilibres internes socio-politiques, économiques, démographiques): l’hégémonie n’est pas la traduction automatique de ces dimensions, mais plutôt une articulation réussie entre elles. C’est donc là une partie qui se joue sur plusieurs tableaux. Qu’en est-il donc des possibilités de la Chine?
Un premier aperçu de cette course pour la suprématie mondiale peut-être donné par un survol de l’état actuel de leurs respectives puissances militaires et économiques — données indispensables pour toute hégémonie. Tout d’abord, sur le plan militaire, malgré les immenses efforts consentis par la Chine tout le long de ce siècle, la question ne se pose pas: les États-Unis restent jusque-là indétrônables. Il suffit de se rapporter aux dépenses militaires: celles des Chinois ont atteint un record en 2014-15, avoisinant les 215 milliards de dollars annuels, tandis que celles des Américains ont oscillé autour de 600 milliards1.
Mais si, pour les premiers, cela relève d’un plafond historique, pour les seconds, il s’agit là d’une légère baisse de leur budget militaire, suite au retrait de leurs troupes d’Irak. Ce fossé dans la capacité budgétaire se traduit aussi par une nette supériorité américaine quant au matériel à disposition (avions, sous-marins, porte-avions, arsenal nucléaire), mais surtout par une prééminence technologique incontestable. Même en acceptant l’hypothèse que les Chinois viennent à disposer d’un volume supérieur d’armes, la suprématie de l’armée américaine repose en réalité sur une barrière technologique pour l’instant infranchissable.
Rien qu’en 2012, les États-Unis ont effectué des investissement treize fois supérieurs en recherche et développement militaire que la Chine, un taux différentiel qui n’est pas près de se réduire, au vu de l’annonce récente du président américain Donald Trump de la relance des dépenses militaires. À cela, il faut ajouter que seule l’armée américaine est capable de se déplacer sur tous les continents, grâce à un réseau qui compte plusieurs centaines de bases militaires dans environ quatre-vingt pays.
L’analyse des asymétries économiques jette un constat semblable. L’émergence de la Chine, en termes absolus la deuxième économie mondiale, ne doit pas pour autant masquer une réalité: la globalisation, placée sous le signe de la financiarisation de l’économie, a servi avant tout les desseins de la puissance américaine. Tel que le signalent Leo Pantich et Sam Gindin dans leur article Superintending Global Capital, celle-ci a permis aux États-Unis de réaliser toute une série d’ajustements à même d’asseoir leur suprématie économique — au détriment, dans un premier temps, des «miracles économiques» des Trente Glorieuses, l’Allemagne et le Japon.
UNE PERCÉE CIRCONSCRITE
En comparaison des autres pays du G7, à partir des années 1980, l’économie américaine a enregistré en moyenne les taux de croissance et d’augmentation de la productivité annuels les plus élevés. Il en va de même pour la part américaine dans la production de haute technologie au niveau mondial (près de 30%). Plus important encore, dès le début du XXIe siècle les dépenses annuelles des États-Unis en recherche et développement dépassent l’ensemble de celles du G72. Même le déficit de sa balance commerciale se doit d’être atténué, puisqu’il ne tient pas compte des ventes des entreprises américaines faites depuis l’étranger — lesquelles représentent en volume le double des exportations effectuées à partir du sol américain.
En trente ans, la Chine a réalisé la percée économique la plus spectaculaire de l’histoire de la modernité, devenant ainsi «l’atelier du monde», avec un taux de croissance annuel qui a oscillé entre le double et le triple de celui des États-Unis, se traduisant notamment par une balance commerciale avec des bénéfices colossaux vis-à-vis de ces derniers (342 milliards de dollars en 2014), lui permettant entretemps de s’ériger comme l’un de leurs principaux créanciers (environ 1000 milliards de dollars)3. Mais là encore, il faut circonscrire sa portée. Et pour cause, la Chine pâtit d’un handicap non moindre: celui d’être entrée relativement tard dans la course. Il suffit de signaler ici deux contraintes structurelles qui réduisent sa capacité à renverser la balance en sa faveur, le retard technologique et sa place dans l’économie-monde, les deux fortement imbriquées.
UNE ÉCONOMIE TROP DÉPENDANTE
Malgré le fait d’être désormais le pays qui dépose le nombre de demandes de brevets le plus élevé au monde, il s’avère que la part de l’innovation technologique dans ces demandes est plutôt faible jusque-là — et redevable en partie à des entreprises étrangères installées sur le sol chinois. Par ailleurs, sa production de haute technologie relève pour une proportion non négligeable de l’assemblage du matériel importé de Corée du Sud et du Japon. Une des raisons de ce retard réside dans le fait que la Chine n’a pas eu droit (dans une ampleur similaire) aux dispositifs de transfert de technologie mis en place par les Américains au bénéfice de leurs alliés après la Seconde Guerre mondiale, à travers, par exemple, les «missions de productivité» orchestrées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’inscrivant dans le cadre du Plan Marshall. En conséquence, le saut qualitatif de la production à l’innovation constitue à l’heure actuelle un défi de taille.
La place de la Chine en tant qu’atelier du monde est aussi tributaire du nouvel ordre économique issu de la globalisation menée sous tutelle américaine — laquelle a permis aux États-Unis de se placer à la tête des domaines-clés: finance, haute technologie, énergies nouvelles, aéronautique, pharmaceutique, agro-alimentaire ou encore le divertissement et la communication. La présence quasi nulle des banques chinoises, par exemple, dans le grand chambardement (achats et fusions) survenu lors de la crise financière, et ce malgré des réserves faramineuses, montre bien les limites de la Chine dans un secteur fondamental du capitalisme mondial. Qui plus est, à différence de l’économie américaine qui est extraordinairement ramifiée, l’économie chinoise se voit encore trop dépendante des cycles économiques de la première puissance mondiale.
En dernière instance, comme le souligne Panitch, l’accumulation de ressources — dont peut se vanter la Chine — ne signifie pas que l’on dispose du pouvoir structurel de décider comment celles-ci seront allouées — ce qui est le privilège des États-Unis. Ici la dette américaine vis-à-vis de la Chine prend une autre tournure: les Chinois (comme les Japonais ou les Saoudiens), plus que créanciers, se retrouvent à être les bailleurs de fonds de l’économie américaine — le cœur du système économique étant l’Amérique, tout le monde doit veiller à ce qu’il continue de battre.
CONTENTION ET INTÉGRATION
Or, ces données n’impliquent nullement la fixation ad aeternum de cet ordre des choses. En ce sens, il faut se pencher sur les mouvements géostratégiques entrepris par les deux puissances pour entériner (États-Unis) ou pour faire basculer (Chine) le statu quo international. Mais pour saisir les stratégies en jeu, il faut remonter à la Guerre froide. En effet, le rapprochement opéré entre Chinois et Américains à la fin des années septante avait en vue de contrer leur ennemi commun à l’époque, l’URSS.
Une visée géopolitique qui se doublait d’impératifs économiques: pour les États-Unis, il s’agissait d’offrir au capital américain — dont le taux de profit s’était drastiquement estompé — une entrée dans ce qui était déjà à l’époque potentiellement le plus grand marché au monde; pour la Chine, en revanche, il était question de compenser en toute urgence le retard pris vis-à-vis du Japon et des économies émergentes du Sud-Est asiatique, mais aussi de disposer d’une économie à même de servir les desseins de restauration de la puissance nationale dont le parti communiste s’était fait le chantre. Ceci dit, avec l’effondrement de l’URSS, il est vite devenu évident que seule la Chine était désormais capable de faire ombre à la puissance américaine.
Mais à la différence des Soviétiques, les Chinois, une fois Den Xiaoping aux commandes du pays, ne prétendaient plus renverser l’ordre capitaliste — tout au plus se tailler une plus grosse part du gâteau. Une différence non négligeable qui a induit dès lors la diplomatie américaine à adopter une stratégie autre que celle du conflit larvé avec l’URSS et qui peut se résumer ainsi: contention et intégration. C’est-à-dire, donner plus de place à la Chine dans le concert des nations mais sous l’égide américaine. C’est ce que Washington appelle «responsabiliser la Chine».
Ainsi, en 2001, après maintes (et âpres) négociations, la Chine a pu rejoindre l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette insertion signait la conversion définitive de l’État chinois au capitalisme et, de ce fait, renforçait le système international régi par les États-Unis. De même, la Chine voyait ses prérogatives augmenter au sein du FMI et de la Banque Mondiale. Voilà pour l’intégration.
En même temps, les Américains n’ont cessé de maintenir une présence militaire solide dans les territoires alliés voisins de la Chine, tels que le Japon, la Corée du Sud ou les Philippines, ou continué à soutenir Taïwan pour que (à différence de Hong Kong) l’île ne tombe pas sous la coupe chinoise, ou à faire pression sur le régime nord-coréen soutenu par la Chine, voire à tisser ou renforcer la collaboration militaire avec des pays longtemps rivaux mais dorénavant soucieux de l’ascendant chinois, tels que le Vietnam ou l’Inde.
À cet effet, 60% des effectifs de l’armée de l’air et de la marine américaine postés à l’étranger se trouvent dans la région. Ces dernières années, les tensions en mer de Chine ont renforcé cette tendance. Et Barack Obama, alors président, d’annoncer en 2011 que la politique américaine pivoterait vers l’Asie. La rhétorique tambour battant de Trump, prétendant que les Chinois «respectent la force», ne ferait en réalité qu’accentuer l’une des constantes de la diplomatie américaine à leur égard. Voilà pour la contention.
BRISER L’ENCERCLEMENT
De son côté, la Chine tente évidemment de se dépouiller de cette camisole de force. Tout d’abord, elle a accru sans cesse depuis une vingtaine d’années ses dépenses militaires à un rythme annuel de 10%. Les frictions à répétition en mer de Chine avec des pays de la région (Japon, Corée du Sud, Vietnam, Philippines) est une façon d’affirmer ses revendications territoriales et, par la même occasion, de faire pression sur les Américains pour qu’ils desserrent la vis. À chaque incident — au sujet des îles Senkaku/Diaoyu avec le Japon, par exemple — la démonstration de force de la Chine (représailles économiques, déploiement de la marine) cherche à pencher la balance en sa faveur. La Chine a par ailleurs construit des îles artificielles dans des zones maritimes réclamées aussi par les Philippines et le Vietnam et les a équipées militairement. Dans tous ces litiges, la finalité n’est pas tant de provoquer un conflit mais plutôt de placer ses voisins devant le fait accompli de sa suprématie.
En outre, dans le but d’assurer son approvisionnement énergétique (et de desserrer l’étau américain), la Chine a progressivement mis en place un système qui garantit la sécurité de ses voies commerciales maritimes jusqu’au Moyen-Orient. Cette stratégie est dite du «collier de perles». Elle repose sur l’achat ou la location d’installations portuaires ou aériennes le long des routes qui s’étendent des ports de Chine jusqu’au détroit d’Ormuz et les côtes orientales d’Afrique, en passant par l’Océan Indien. Et ce par le biais d’une entente avec des pays tels que le Sri Lanka, le Bangladesh, le Pakistan et la Birmanie.
Sur le plan économique, la Chine lutte d’arrache-pied pour diversifier sa projection. Premièrement, en ce qui concerne le retard technologique, profitant de la position de force que lui octroie l’attrait unique de son marché vis-à-vis des multinationales occidentales, elle négocie des clauses de transfert de technologie (notamment, par des joint-venture — des partenariats de production avec des entreprises chinoises). Qui plus est, elle effectue des investissements conséquents dans la recherche et le développement — d’une proportion comparable à ceux des grandes économies occidentales (environ 2% du PIB)4.
En outre, au cours de la dernière décennie, le géant asiatique s’est constitué en un acteur incontournable de l’arrière-cour américaine. Voici quelques exemples pour l’illustrer: destination première des exportations brésiliennes, principal créancier du Venezuela, premier investisseur en Équateur. Les relations avec l’Afrique suivent la même pente, puisque la Chine est à l’heure actuelle le plus grand investisseur sur le continent noir. Cette présence outre-mer vise bien sûr à assurer le ravitaillement en matières premières et énergétique indispensable à la croissance économique chinoise. Mais c’est aussi le moyen de se présenter comme une alternative aux bailleurs de fonds occidentaux.
À différence de ceux-ci, la Chine prétend assumer une politique de non-intervention dans les affaires intérieures des autres pays — elle investit ou concède des prêts à des conditions relativement souples quant au respect des droits humains ou des normes environnementales. C’est là, d’après la diplomatie chi- noise, la manière appropriée de respecter les particularités de chaque État. Cela lui permet aussi de soutenir des gouvernements en froid avec les États-Unis: le Venezuela, le Zimbabwe, le Soudan...
Peut-être la réussite la plus spectaculaire à ce niveau est la création, en 2014, de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, dont l’objectif premier est le financement de projets venant à satisfaire les énormes besoins d’infrastructure en Asie. La donne économique est certes ici fondamentale. Mais il y a beaucoup plus en jeu. Par ce biais, la Chine cherche à multiplier les institutions financières internationales afin de cheminer une plus grande intégration de l’Asie sous sa coupe, tout en augmentant son influence dans celles contrôlées par les États-Unis, telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Il n’est pas étonnant que les Américains n’aient pas consenti à intégrer l’AIIB (ses sigles en anglais) et aient (en vain) essayé de convaincre leurs alliés occidentaux, comme le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne ou l’Italie, de faire de même.
CROISADE DIPLOMATIQUE
La Chine se trouve aussi à l’origine de la création de la Nouvelle banque de développement, qui regroupe les BRICS (Brésil, Russie, Inde et Chine), dont le but serait de combattre l’hégémonie du dollar et de parer aux chocs financiers. Les BRICS s’inscrivent aussi dans la stratégie chinoise pour remettre en cause la domination américaine, en essayant de créer un véritable bloc des puissances émergentes. Pour cela, il s’agit non seulement d’intensifier les échanges économiques entre ces pays, mais aussi de trouver des positions communes sur les grands enjeux internationaux. Sachant qu’elle ne peut encore faire jeu égal avec l’Amérique, la Chine gagnerait à ce que l’échiquier global glisse vers la multipolarité — cette dynamique est tout de même enrayée par les contentieux territoriaux ou la course pour la supériorité régionale que la Chine entretient avec l’Inde et la Russie.
Détentrice d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, la position de la Chine, qui n’est pas étrangère à cet objectif, peut se résumer ainsi: défense de l’intégrité territoriale et non ingérence dans les affaires intérieures des États, insistant sur la nécessité d’instances véritablement multilatérales. C’est donc dans cette veine que parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, la Chine s’avère être celui qui apporte le plus d’effectifs aux troupes de maintien de la paix de l’ONU. Une manière de se démarquer clairement de l’interventionnisme des puissances occidentales. Or, dans cette arène impitoyable qu’est le système international, c’est aussi le reflet d’une puissance qui peine encore à trouver ses repères ou, à différence de la Russie, qui ne peut encore défier ouvertement l’Amérique.
La Chine s’efforce aussi de livrer bataille sur le plan culturel. Non seulement elle octroie des dizaines de milliers de bourses d’études dans le Tiers-Monde, mais elle propage partout dans le globe des centres Confucius. Elle est consciente, si elle aspire à faire tôt ou tard jeu égal avec les États-Unis, de la nécessité de doubler la puissance économico-militaire du rayonnement culturel.
C’est donc un panorama contrasté que nous offre l’irruption de la Chine. La nation asiatique a certes connu une percée époustouflante sur la scène mondiale, mais elle traîne encore loin derrière la puissance américaine. Il faut certes considérer sa position non en termes statiques — donc statistiques —, mais plutôt d’après l’évolution des rapports de force entre les deux pays. Et, en ce sens, il est indéniable que la Chine avance à grandes enjambées. Cependant, elle doit faire face à des défis structurels beaucoup plus pressants que l’Amérique. Premièrement, une population vieillissante, alors que son niveau de vie est encore en moyenne celui d’un pays en voie de développement, son revenu par habitant étant inférieur à celui du Brésil, ce qui suppose toute une série de contretemps de différents ordres et pourtant imbriqués — démographique (une relève générationnelle branlante), social (la nécessité de bâtir ne serait-ce que les rudiments d’un filet social), économique (la stagnation de la main d’œuvre).
DÉSÉQUILIBRES INTERNES
La Chine est par ailleurs en butte à des inégalités effarantes entre la côte industrielle et les régions rurales de l’intérieur, mais aussi, au sein même des villes, entre les classes moyennes et aisées et la vaste masse sous-payée de travailleurs; ce qui induit des déséquilibres internes considérables: agitation sociale constante qui mène à des révoltes quotidiennes dans l’ensemble du territoire, regain du séparatisme et de l’islamisme dans les régions les plus reculées, tel le Xinjiang, ou encore l’immense difficulté, étant donnée la résistance féroce des élites de la côte, à opérer une transition du modèle basé essentiellement sur les exportations (qui asservit l’économie chinoise à la stabilité américaine) à un modèle plus équilibré, faisant une plus grande part à la consommation intérieure.
Puis, surtout, la Chine affronte des problèmes environnementaux d’une magnitude inconnue dans les pays occidentaux: une désertification qui affecte plus de 400 millions de personnes, les sources d’eau de plus de 60% des villes sérieusement polluées, un quart des rivières du pays qui s’avèrent être tout simplement nocives, une qualité de l’air qui, dans les villes principales, est largement en dessous des standards internationaux — la variable environnementale risque à court terme de ralentir brusquement l’économie chinoise, ce qui à son tour viendrait à la freiner dans la compétition internationale.
Enfin, l’hégémonie ne se réduit pas à la puissance objective d’un État (économique, militaire) mais comprend aussi sa capacité à persuader les autres pays (la plupart, du moins) que leurs intérêts respectifs coïncident. L’actuel système international, étant taillé à la mesure des États-Unis, fait que l’emprise américaine s’impose plus facilement que celle des autres concurrents. La Chine se doit donc d’agir de manière particulièrement habile, notamment en Asie, afin de remettre en question le rapport de forces actuel et faire en sorte que son ascendant soit perçu plus favorablement que le statu quo américain et non comme une menace.
«Cacher ses forces et attendre son heure», telle était la stratégie dessinée par Den Xiaoping pour rebâtir la puissance chinoise. Ses forces ne peuvent plus passer inaperçues (c’est là le signe d’un succès indiscutable), mais, au vu des défis immenses qu’elle doit affronter, la Chine doit encore attendre son heure.
1. Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), Yearbook: Armaments, Disarmament and International Security, Military expenditure by country, in constant (2014) US.
2. Superintending Global Capital — Leo Panitch and Sam Gindin, New Left Review 35, September-October 2005.
3. Department of the Treasury/Federal Reserve Board, Monthly Holdings of Securities (foreign holdings of U.S. securities, and U.S. holdings of foreign securities), March 15, 2017.
4. United Nations Educational, Scientific, and Cultural Organization (UNESCO), Institute for Statistics: http://uis.unesco.org/en/topic/research-and-development
Cet article est paru dans La Cité en avril 2017
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